

Roberta naît et grandit à Cueno petite ville italienne située dans le Piémont qu’elle quittera pour se rendre à Milan et entamer ses études universitaires.
Des études d’économie qui la passionnent et lui permettent d’obtenir un stage de 6 mois à Beyrouth dans l’agence Reuters.
Elle y fait connaissance de Samir, stagiaire lui aussi, dont le diplôme d’ingénieur devrait lui permettre d’obtenir un poste fixe, rémunéré à sa juste valeur.
Mais il explique que venant d’un camp de réfugiés, il ne peut avoir accès à un emploi stable et qu’il est déjà privilégié puisqu’il a pu quitter le camp pour entreprendre ses études supérieures.
La curiosité de Roberta est exacerbée, elle visite le camp, nous sommes en 1997.
…puis à Londres
Retour à Milan, elle rédige sa thèse et obtient un emploi à Londres dans la haute finance les hedge funds, où elle restera 10 ans. Son époux Stefano d’Ambrosio lui-même financier est tout aussi sensible à ces causes humanitaires. Ils font de nombreux dons pendant toutes ces années privilégiant le soutien individuel plutôt qu’associatif. Ils aimeraient créer des emplois.
…et se poursuit à Genève

En 2007 ils obtiennent tous deux un poste, toujours dans la finance, à Genève, l’intérêt qu’ils portent à ces camps de réfugiés ne faiblit pas.
Roberta, rencontre une autre généreuse donatrice qui lui demande de l’aide pour lancer un programme après-école pour les enfants dans le camp de Jerash.
Roberta décide alors de se rendre sur place en 2013 et elle constate que l’art de la broderie se transmet malgré l’isolement, de génération en génération. Ce talent, avec son mari, ils le développeront et le porteront au niveau de l’art et du luxe.
Naissance de SEP Jordan
Voilà, ils viennent de poser la première pierre de leur projet dans le camp de Jerash en Jordanie, occupé majoritairement par des palestiniens.
En 2017 Roberta décide de se consacrer uniquement à son entreprise. Elle démissionne de la banque.

Avec Stefano, ils créent le premier modèle de leur collection. Un sac avec des matières écologiques et de 1ere qualité, qui vient de l’Inde. Et bien sûr une broderie sur le sac. Ils se rendent à l’Alhambra Palace Granada pour s’inspirer du détail d’un dessin islamique sur un mur qu’ils dessineront et reproduiront au point de croix sur du tissu, des semaines de travail…
Début donc de l’entreprise avec 20 brodeuses, et 2 formatrices italiennes.
Roberta, c’est 14heures de travail quotidien. Il faut créer des modèles et la qualité est son 1er objectif. Seront mêlés dorénavant des techniques et des modèles centenaires avec un style italien. Roberta achète, vend, démarche, supervise, toujours épaulée par Stefano.
Leurs produits sont représentés dans le monde entier Moscou, Hong-Kong, Gstaad, Oman. Ils sont représentés chez Harrods à Londres et à partir du 18 Juin, au Bon Genie Grieder à Genève.
2018 Nouvelle étape
Roberta ne s’octroie toujours pas de salaire et Stefano travaille maintenant à mi-temps. Leur entreprise s’est considérablement développée, ils ouvrent une boutique à Carouge. La fondation Tamari soutient la formation des artistes en Jordanie.
La qualité du travail
Chaque pièce est unique, chaque création est précieuse. A ce jours 6000 modèles chaque année sont réalisés. Chaque article est accompagné d’une étiquette venant de Jordanie et portant le nom et signé de l’artiste qui l’a réalisé et présenté dans une sacoche réalisée en coton en Italie.
Le cinéma
Ils sont présents, on l’imagine facilement, sur tous les réseaux sociaux et ne publient que des images de qualité réalisées par des professionnels.
Angelina Jolie envoyée spéciale du HCR, a été l’une des premières à attirer l’attention sur leur travail, après un défilé de mode novateur en soutien aux artisans réfugiés.
La créatrice de costumes primée de l’Académie Jacqueline Durran a travaillé avec 27 femmes du camp de réfugiés en Jordanie pour broder tous les costumes du nouveau film Mary Magdalene.
27 femmes et 6 mois de travail !
La costumière nous a repérés sur Instagram, a demandé des échantillons, puis nous a embauchés s’exclame Roberta.
Mais aussi
La célèbre série Blacklist qui présente une belle écharpe keffieh SEP « May », que Jonathan offre à Dembe dans la saison 7.
L’évolution
Actuellement la SEP fait travailler 560 brodeuses. Elles suivent une formation de 2 mois, 100 nouvelles formations chaque année.
Elles sont rémunérées à la pièce et leur salaire 50% plus élevé que ce qui est proposé habituellement.
Le chiffre d’affaire progresse de 50 à 100% chaque année, mais les risques sont permanents : actuellement un stock de 3000 pièces à Genève.
La vie dans les camps
La plupart de ces camps ont été crées il y a 70 ans. Nous arrivons donc à la 4ème génération, des enfants, mais aussi des adultes qui ne connaissent rien d’autre que les camps.
Décrivant la vie au camp de Jerash, qui accueille quelque 50 000 personnes depuis 1968, Roberta dit : La plupart des familles dépendent principalement ou uniquement de l’aide compte tenu de leur statut. Les résidents du camp de Jerash ont un accès limité aux services d’éducation et de santé. Les artistes du SEP ont en moyenne 5 enfants, certains en ont jusqu’à dix Les femmes du camp doivent s’occuper de nourrir et de scolariser les enfants, de sorte que leur journée est longue et fatigante. La broderie est un moment précieux de temps de qualité, seul ou avec leurs amis.
Un taux de chômage élevé, un logement dangereux et une dépendance à l’aide pendant environ 50 ans, la dépression clinique est devenue la maladie la plus souvent diagnostiquée. La broderie s’apparente à la thérapie.
Beaucoup de réfugiés en Jordanie, 3 millions répartis dans 12 camps Palestiniens et Syriens pour 9 millions d’habitants
Le coronavirus
Le virus n’a miraculeusement pas atteint les réfugiés du camp ! Une discipline de fer a été mise en place et respectée malgré l’étroitesse de ces abris coiffés de tôle ondulée

Demain…
Roberta et Stefano débordent de projets.
Ils sont les heureux parents de Giulia 16 ans et Andrea 12 ans
Vous pouvez vous la rencontrer dans sa boutique
Ou encore
à l’occasion d’un pop up à La Réserve (la date sera publiée prochainement sur le site)
Et puis nous organiserons bientôt une rencontre avec elle, elle est passionnante.

Fondatrice de Convergences, aimerait toujours mieux faire…